Si un travailleur a des dettes, il peut arriver quun créancier sadresse à son employeur pour quil lui verse une partie du salaire directement, sans passer par le travailleur. Cette saisie est toutefois soumise à des seuils, qui sont indexés chaque année.
On opère traditionnellement une distinction entre la saisie-exécution et la saisie conservatoire. Comme vous pouvez le déduire de son nom, en cas de saisie conservatoire, lemployeur doit bloquer les sommes concernées et ne peut pas les verser au travailleur. En cas de saisie-exécution, il doit non seulement bloquer les sommes, mais également les reverser au créancier qui y a droit.
La cession du salaire découlera souvent dune convention conclue entre le travailleur et un tiers (par exemple un organisme de financement), par laquelle le travailleur transfère la propriété de la partie cessible de son salaire. Ce bailleur de fonds devient de ce fait propriétaire du salaire et, demblée, créancier de lemployeur.
Le Code judiciaire décrit le salaire comme les sommes payées en exécution dun contrat de travail, dapprentissage, dun statut, dun abonnement ainsi que celles qui sont payées aux personnes qui, autrement quen vertu dun contrat de travail, fournissent contre rémunération des prestations de travail sous lautorité dune autre personne, ainsi que le pécule de vacances payé en vertu de la législation relative aux vacances annuelles.
Sont par exemple visés :
le salaire effectif (après déduction des cotisations ONSS, du précompte professionnel et autres retenues comme lassurance groupe) ;
les commissions ;
les indemnités de préavis ;
les primes de fin dannée ou le treizième mois ; et
le pécule de vacances.
Mais les allocations de chômage, les allocations payées par le Fonds de sécurité dexistence, les indemnités dincapacité de travail, les allocations dinterruption de carrière, etc. répondent également à cette définition.
Le Code judiciaire précise également ce qui ne peut être saisi, à savoir : les allocations familiales, les interventions octroyées aux personnes handicapées, les montants versés par les CPAS...
Le montant saisissable est plafonné. Pour garantir au travailleur un revenu minimum, un pourcentage du salaire ne peut pas être bloqué. Ce pourcentage dépend de la hauteur des revenus. Le seuil sous lequel le salaire est totalement insaisissable ou incessible est indexé chaque année.
À partir du 1er janvier 2022, les seuils de rémunération applicables sont les suivants. Nous mentionnons le revenu mensuel net en 2022, en euros, et ensuite le pourcentage saisissable ou cessible des revenus professionnels ou de remplacement :
Revenus professionnels :
jusquà 1 186 : 0 % ;
de 1 186,01 à 1 274 : 20 % ;
de 1 274,01 à 1 406 : 30 % ;
de 1 406,01 à 1 538 : 40 % ;
plus de 1 538 : 100 %.
Revenus de remplacement :
de 1 274,01 à 1 538 : 40 % ;
Ces seuils de rémunération sont majorés de 73 euros par enfant à charge.
Un enfant est une personne à charge si le revenu de cet enfant en 2020, en fonction de son statut, reste inférieur aux montants suivants :
cohabitant : 3 340 euros ;
isolé : 4 825 euros ;
enfant handicapé : 6 117 euros.
En 2020 et début 2021, les seuils de saisie ont été temporairement augmentés de 20 % dans le cadre dune meilleure protection contre les conséquences économiques de la crise du coronavirus. Cette augmentation nest plus applicable depuis le 1er octobre 2021.